Nous n'étions pas armés (French Edition) by Christine De Védrines

Nous n'étions pas armés (French Edition) by Christine De Védrines

Auteur:Christine De Védrines [De Védrines, Christine]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: EDI8
Publié: 2013-05-29T22:00:00+00:00


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Surnommé Bobby, Robert Pouget de Saint-Victor est un personnage haut en couleur à l’allure de Falstaff. Débonnaire et charmant, il est venu s’installer en Angleterre où il s’est marié. Il a créé Oxford Cheese Company, une cuisine à base de produits bio qui fournit des restaurants, en particulier celui de son fils, The Vaults and Garden, dans Radcliffe Square, au centre d’Oxford. Il a aussi un « Delicatessen », petite épicerie fine de produits bio, et il vend au marché des fromages anglais. Il en a d’ailleurs inventé deux. Gastronomie mise à part, c’est aussi un peintre de talent, un décorateur et un homme très cultivé. Ajoutons à cela qu’il a un cœur d’or, une excellente éducation et une forte personnalité.

En février 2008, il passe une annonce : il cherche un chef de cuisine, possédant, outre un savoir-faire, une bonne capacité d’organisation. Tilly découvre l’encart dans le journal et se dit qu’il est temps de me mettre au travail. Charles-Henri, lui, est déjà employé à l’Oxford Garden Company, entreprise de création et d’entretien de jardins. Il m’envoie avec Guillaume passer une visite d’embauche chez le « Baron », en nous disant que Bobby a été aidé « par nos services et qu’il a besoin de quelqu’un comme moi ». C’est Jacques Gonzalez qui nous recommande, dit-il : « Christine ! C’est une main que mon patron vous tend. » Lui ne vient pas avec nous pour l’entretien, il nous attend dans la voiture. Ce jour-là, j’ai eu une chance folle.

Mon profil ne correspondait en rien à l’emploi proposé : une boiteuse sans référence, dont l’apparence ne payait pas de mine. De toute évidence, Bobby ne pouvait m’engager. Et pourtant, après m’avoir demandé si je savais faire la cuisine et que j’eus acquiescé – « la cuisine familiale » –, il s’enquit de l’origine de ma claudication. Je donnai une explication vague à propos d’une mauvaise chute. Bon cœur ? Intuition ? Curiosité ? Toujours est-il qu’il retint ma candidature. Moi, le croyant lié à Tilly et Gonzalez, je m’expliquais ainsi la facilité avec laquelle il me confia le poste.

Il m’expliqua le fonctionnement de la cuisine : tous les jours, traiteurs et restaurants passaient les commandes (en anglais pour des plats très précis dont je n’avais pas la recette !). Il avait surtout besoin de quelqu’un de vigilant pour assurer la sécurité de la chaîne alimentaire. Le dernier contrôle de la « Health » (service d’hygiène) avait été très négatif, il fallait éviter la fermeture. J’avais deux aides, des Brésiliens charmants mais brouillés avec les horaires. Nous commencions à 7 heures – heureusement la cuisine se trouvait dans mon quartier – par la préparation des plats et des légumes crus : falafels, poulet, plats végétariens dont les produits venaient d’une ferme bio. Tout devait être prêt à 11 heures et immédiatement expédié dans de grandes boîtes métalliques. L’après-midi, je rangeais, passais les commandes de produits frais, de légumes secs, riz, pâtes, etc. Mes débuts furent très laborieux. Démarrer une vie professionnelle après six ans de réclusion et les épreuves que je venais de subir n’allait pas de soi.



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